Depuis la publication de la Loi Qualité en 2019, les menaces du SPF Santé à l’encontre de la spécificité des professions de la santé mentale et donc de la santé psychique se sont intensifiées. La réponse de l’INAMI (11 janvier 2024) à l’avant-projet de loi modifiant la loi du 8 novembre 1993 organisant le fonctionnement de la Commission des psychologues, est incendiaire.
L’article qui suit, « Le patient a droit au respect de son intimité » cible essentiellement les exigences de la Loi Qualité relatives au Dossier Patient Informatisé (DPI) uniformisé, dont les données seront systématiquement et passivement partagées. . Dans le champ de la médecine somatique, un DPI est en principe adéquat , bien qu’ouvrant à de multiples mésusages. En revanche dans le secteur de la santé psychique les effets du PDI seront carrément iatrogènes. Dans ce champ, l’absence de confidentialité est non seulement un obstacle à l’accès aux compétences des professionnels mais elle est une entrave au processus même du soin psychique : le pacte de soins qui permet à un être humain de laisser entrevoir en confiance sa vulnérabilité psychique, à quelqu’un dont il espère de l’aide, c’est avant tout, l’obligation du secret professionnel au sens strict du Code pénal.
Préambule. Aux temps de sa splendeur – un moment aveuglant – la psychanalyse, rattrapée par le «politiquement correct», a écouté d’une oreille normative l’homosexualité, la transidentité, le transsexualisme. Ce faisant, elle trahissait le meilleur d’elle-même. Certain(e)s psychanalystes néanmoins, comme Joyce MacDougall, se sont montré(e)s accueillant(e)s aux néo-sexualités, et beaucoup n’ont cessé d’accompagner des cheminements difficiles, s’exprimant sur le mode de la transidentité ou du transsexualisme. Mais tout autre chose sont les angoisses sociétales dissimulées sous le scintillement médiatique de la question du «genre». Celui-ci donne à imaginer – dans une perspective essentiellement néolibérale – qu’on puisse s’enfanter soi-même selon ses propres normes, et qu’en fin de parcours «les meilleur(e)s gagnent»...
La terre m’appartient
vous n’êtes pour moi que des immigrés et des hôtes
Dieu, Lévitique, XXV, 23
Le 20 septembre 2023, dans une Carte Blanche publiée dans «Le Soir» et «De Standaard», une trentaine de professeurs de droit (notamment constitutionnel), représentatifs de toutes les universités du pays, s’insurgent contre : «Le Gouvernement fédéral (qui) persiste (…) à violer l’un des principes démocratiques parmi les plus élémentaires, à savoir le respect des décisions de justice, noyau dur de l’État de droit.»
«L’État de droit, précisent les signataires, s’oppose (…) à l’État de police, qui utilise le droit comme un moyen de commandement à l’égard des sujets de droit, mais s’exonère lui-même du respect des règles qu’il édicte. Dans un État de droit, les pouvoirs publics se soumettent au droit ; ils ne peuvent agir que dans les limites du droit.»
L’autre m’altère et me désaltère
Dans l’ ambiance d’inquiétante étrangeté déclenchée par la pandémie, que l’on se balade à vélo, à pied, errent de maigres silhouettes masquées, gantées, isolées. La ville est défigurée… Le réel de la mort a fait irruption dans nos vies.
En réponse à l’intrusion de la réalité – intromission du réel - potentiellement traum atique, comment se tissent les liens entre nous, qu’inventer ?
L’être de langage que nous sommes ne peut rester confiné dans le silence. On s’appelle les uns les autres, on s’appelle de loin, par télé – phone ou vision. On s’appelle, de plus loin encore, plus souvent. Un besoin fondamental s’exprime là, c’est une question d’existence …et s’il n’y a personne à appeler, on allume la radio. Une voix, une musique, et c’est le sentiment que l’on n’est plus seul, que quelqu’un s’adresse à nous.
Face à l’inédit de la situation, j’ai proposé à mes patients de les « recevoir » par téléphone. Certains ont accepté, quelques-uns ont demandé d’ajouter l’image, d’autres ont refusé.
Un rendez-vous par téléphone ?
Voilà qui bouscule l’espace habituel de la relation thérapeutique !
Mais cet espace, en psychanalyse ou en psychothérapie analytique, quel est-il ? Espace matériel ? Imaginaire ? Mental ? Espace psychique ? Symbolique ?
Et puis sans l’espace matériel concret du lieu où je reçois, qu’est-ce que le cadre ?
Depuis juin 2018, la référence au devoir de secret professionnel est mentionnée dans l’arrêté Royal qui entérine le code de déontologie des Psychologues. Depuis, des rumeurs régulières insinuent une demande de ré-ré-écriture de ce code du psychologue et ce, sous divers prétextes – le dernier en date fut le terme dignité de la personne. Cette demande de refonte du code ne viserait-elle pas indirectement, la référence à l’article 458 du Code pénal. ainsi que la responsabilité du psychologue ? Un rappel des origines de ce code, un résumé succinct des tribulations surmontées entre 2014 et 2018 et une transcription des articles relatifs aux valeurs de nos pratiques professionnelles sont essentiels. Le code de déontologie du psychologue est en effet, le poinçon de notre identité professionnelle.
La concertation entre professionnels des soins et de l’aide fait partie des pratiques actuelles dans le domaine médico-psycho-social, par exemple lors du travail en équipe pluridisciplinaire ou en réseau. L’échange d’informations entre professionnels n’a rien d’anodin : s’agissant d’échanges d’informations couvertes par le secret professionnel, ces communications ne sont autorisées que sous certaines conditions strictes. L’objet de la présente communication est d’en tracer les contours. Ces conditions sont liées aux fondements du secret professionnel. Afin d’en saisir le sens et la portée, nous rappellerons dans un premier temps les principes de base du secret professionnel. Après nous être penchés sur le secret partagé et les conditions auxquelles il est soumis, nous terminerons par quelques considérations inspirées par les enjeux qu’implique le développement des dossiers électroniques.
L’éclosion au grand jour de sexualités plurielles dans la polyphonie assumée des genres, plutôt que leur dissimulation dans la honte et la réprobation, ne peut être le fruit que d’une éthique démocratique soucieuse de promouvoir l’égalité dans la différence. Il y a tout lieu de s’en réjouir. Tout autre chose est l’hystérisation médiatique de la dysphorie de genre et de la transsexualité, sous prétexte de liberté de choix et de droit à disposer de son corps
La métapsychologie freudienne de la séduction revisitée et refondée par Jean Laplanche (1924-2012)
Issue de l’écoute des hystériques, la psychanalyse est née au XIXème siècle d’une théorisation des séquelles de la séduction infantile, au sens médico-légal du terme. Elle s’attache à l’élucidation et à la remise en jeu des scénarios qui nous pilotent à notre insu. Ceux-ci se trament, dès avant notre conception, dans le champ de forces des désirs qui président à notre naissance. Cliniquement, la cure psychanalytique sert à nous affranchir des répétitions générées par les images, les pensées, les scénarios inconscients, qui minent, par-delà toute volonté consciente, notre univers relationnel. Conceptuellement, la théorie psychanalytique se distingue des conceptions de la psychologie, de la psychiatrie, de l’anthropologie, de la philosophie, par sa notion d’un système inconscient - propre à chacun - progressivement constitué, dès le début de la vie, sous l’empire du refoulement. L’inconscient, au sens de la psychanalyse, n’a donc rien à voir avec les systèmes simplement non-conscients (telles les structures linguistiques) qui déterminent eux aussi nos façons d’être et de penser. Du point de vue psychanalytique, le refoulement constitutif de l’inconscient porte électivement sur le sexuel — étant entendu que ce dernier (qui englobe tout le champ de la pulsion, de l’amour, de la haine) déborde largement l’acception commune du terme, et ne se rapporte que peu au sexué, au génésique, au génital.
Lors d’une récente entrevue, la Ministre de la Santé a expliqué sa croissante impopularité par le fait qu’elle était «connue». Sur ce point, on ne peut lui donner tort : on critique rarement des inconnus. On peut se demander, par contre, si Madame De Block est suffisamment connue ? Il semble que non. On se rappelle bien sûr celle qui ironise sur le covid-19. On se souvient de celle qui entend fermer les maternités peu rentables. Mais rien d’étonnant. La ministre appartient à une famille politique (VLD) pour laquelle rentabilité financière et liberté d’entreprendre l’emportent sur toute autre considération. Vu sous cet angle, un hôpital n’est qu’«une entreprise comme une autre» et le Service Public un moindre mal : s’il tempère misère et désordre, il constitue surtout un obstacle à la libre concurrence et une menace budgétaire.
Le corona-virus fait peur, mais celle-ci s’inscrit dans un sillage sociétal plus large et bien enraciné dans l’histoire. Peur de la peste certes et du choléra, mais aussi crainte des mauvais sorts et persécution consécutive des «sorcières» jusqu’au XVIIème siècle ; éradication du «corps étranger» juif sous le nazisme ; «chasse aux sorcières» renouvelée par peur de l’infiltration communiste sous le maccarthysme des années 50 ; obsession par la pédophilie culminant, en 1996, dans le délire collectif belge de l’«Affaire Dutroux». Sans oublier la phobie généralisée de l’invasion par les migrants et la construction de murs divers. D’une façon ou d’une autre, ces phobies nous parlent de la fragilité du corps et proposent des remèdes. La crainte de l’intrusion est un thème constant, l’identification des adultes à des enfants victimes d’abus sexuels un symptôme révélateur. Côté corps social, en mars 2020, Ursula von der Leyen - présidente de l’Union – félicite la Grèce d’être «le bouclier» de l’Europe. Côté corps de chair et de sang, la médecine semble détenir le monopole du salut mais oublie souvent que la guérison - par-delà la nécessité des soins - n’est jamais qu’auto-guérison — et que le contexte sociétal n’y est pas pour rien.
Le corona-virus fait peur, mais celle-ci s’inscrit dans un sillage sociétal plus large et bien enraciné dans l’histoire. Peur de la peste certes et du choléra, mais aussi crainte des mauvais sorts et persécution consécutive des «sorcières» jusqu’au XVIIème siècle ; éradication du «corps étranger» juif sous le nazisme ; «chasse aux sorcières» renouvelée par peur de l’infiltration communiste sous le maccarthysme des années 50 ; obsession par la pédophilie culminant, en 1996, dans le délire collectif belge de l’«Affaire Dutroux». Sans oublier la phobie généralisée de l’invasion par les migrants et la construction de murs divers. D’une façon ou d’une autre, ces phobies nous parlent de la fragilité du corps et proposent des remèdes. La crainte de l’intrusion est un thème constant, l’identification des adultes à des enfants victimes d’abus sexuels un symptôme révélateur. Côté corps social, en mars 2020, Ursula von der Leyen - présidente de l’Union – félicite la Grèce d’être «le bouclier» de l’Europe. Côté corps de chair et de sang, la médecine semble détenir le monopole du salut mais oublie souvent que la guérison - par-delà la nécessité des soins - n’est jamais qu’auto-guérison — et que le contexte sociétal n’y est pas pour rien.
Fédération professionnelle nationale reconnue par le SPF-Classes Moyennes et membre actif de la Commission des Psychologues (Compsy), l’Association des psychologues praticiens d’orientation psychanalytique (APPPsy) a été fondée en 1986. C’est à ce jour la seule association belge qui soit composée exclusivement de psychologues cliniciens formés à la psychothérapie. L’APPPsy a pour vocation de défendre et de promouvoir les conditions de formation, d’organisation et d’évaluation des pratiques cliniques, propres à l’exercice de la psychothérapie dans le champ de la santé. Tout particulièrement, la nécessité d’un cursus post-universitaire institutionnel et personnel — garant de l’expérience et de la maturité émotionnelle de praticiens voués à accompagner, dans la relation et la parole, des femmes, des hommes, des adolescents, des enfants, en proie à de profondes souffrances psychiques tout comme à de graves désarrois comportementaux.
La destruction du Service Public - et donc des solidarités collectives au profit de la marchandisation des relations humaines - passe par l’affirmation idéologique : un hôpital est une entreprise comme une autre, de même qu’une université, un palais de justice, ils se doivent d’être rentables. Ce slogan se déguise couramment sous le manteau de la nécessité «sans alternative» d’un management en «bon père de famille». Et qui le refuserait pour son propre ménage ? D’autant plus que le terme «management» est le cousin étymologique du mot «ménage», et que pour l’un comme pour l’autre il s’agit de «prendre les choses en mains» (du latin : manus). Mais en réalité, cette assertion d’apparent bon sens prélude à l’imposition de normes qui n’ont rien à voir avec la gestion avisée par la ménagère de sa propre cuisine. Il s’agit plutôt d’une rationalisation de type «fordiste» (organisation standardisée du travail mise en œuvre, en 1908, par le constructeur automobile Henry Ford après sa visite des abattoirs de Chicago), telle qu’illustrée par la célèbre séquence du repas imposé sur la chaîne de montage dans «Les Temps Modernes» (Chaplin, 1936). Il n’est que trop cohérent de transposer cet univers d’apparente fonctionnalité aux «10 minutes tout compris» consacrées à la toilette de personnes en maisons de soins.
Quelle que soit la constance avec laquelle l’idéologie managériale tente de le nier, le modèle de formation, d’organisation et d’évaluation des pratiques de la techno-médecine des organes ne convient pas aux professions de la santé mentale. De plus et malgré son impact bénéfique sur la santé en général, la profession de psychothérapeute n’appartient en rien au domaine des soins de santé au sens de l'actuelle législation belge. Ayant fait disparaître le psychothérapeute au profit de «l'acte psychothérapie», réduit lui-même à une intervention technique de type médical, une nouvelle loi en réserve l'exercice aux seuls psychologues, orthopédagogues et médecins — devenus «praticiens en psychothérapie» à la faveur d'un module spécialisé. Ces violences idéologiques, peu soucieuses de la réalité du terrain, ne devraient pas faire oublier la nécessaire complémentarité du champ techno-médical de la santé et de celui des pratiques en santé mentale. Les réflexions qui suivent tentent d’éclairer succinctement la logique d’une spécificité et la nécessité d’une différence.
Au sein de la société néolibérale mondialisée, régulée par la seule «main invisible» du marché, la notion de «psychopathologie» a disparu. S’interroger sur le sens individuel ou social d’une souffrance n’a plus en réalité aucun sens. Il s’agit plutôt d’éliminer par des recettes les désordres – éventuellement mentaux – qui pourraient nuire au système. Il s’agit donc moins, pour l’individu, de chercher à comprendre que de recommencer à fonctionner. En matière de psychiatrie, cette idéologie possède un bréviaire universellement répandu : le DSM. Pas étonnant que la psychanalyse n’y trouve plus de place et que l’identité des psychiatres s’y voit mise à mal. Les conséquences sont préoccupantes, tant du côté de la prise en compte de facteurs socio-économiques cruciaux en matière de souffrance psychique, que de la mise en œuvre de critères d’évaluation et de formation et d’organisation adéquats en matière de santé mentale.
Au cours des vingt ou trente dernières années, la psychiatrie et plus particulièrement la neurophysiologie, la neuropsychologie, les sciences cognitives, ont progressé de façon remarquable. Ces progrès affectent essentiellement nos connaissances de base sur la génétique, sur le fonctionnement neuronal et sur l’organisation du cerveau. Même si la plupart des hypothèses sur lesquelles travaillent les chercheurs sont loin d’être démontrées, elles forment un ensemble qu’il sera difficile de réfuter globalement. Les conséquences de ces progrès sont sensibles dans le domaine des médicaments psychotropes, et aussi dans l’abord psychologique de diverses formes de pathologie mentales. En effet, sur la base de ce qu’on sait du cerveau, il est possible de faire des hypothèses sur la genèse fonctionnelle de ces troubles et à partir de là, d’imaginer des procédures thérapeutiques originales. On ne s’en est pas privé. Bien entendu, chaque fois qu’on extrapole à partir des données expérimentales, on perd en rigueur scientifique ce qu’on gagne parfois sur le plan de l’efficacité pratique. On sait en effet, depuis longtemps, que l’efficacité d’une pratique n’est pas toujours fonction de la théorie censée en rendre compte. Un effet dûment constaté peut être expliqué de plusieurs manières différentes, vraies ou fausses. Mais le fait est là : la psychiatrie bouge.
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