Autonomie du psychologue clinicien...

Dernière nuisance avant la sortie ?


DeBlock400Le 22 avril 2019, la Chambre des Représentants de l'État fédéral belge, à l'initiative de la Ministre de la Santé Maggie De Block, a adopté une modification de la loi du 10 mai 2015 relative à l'exercice des soins de santé. Dans le chapitre 1er - «L'exercice de la psychologie clinique et de l'orthopédagogie clinique» - l'article 2 stipule que dans l'article 68/1 de la loi modifiée (paragraphe 3, premier alinéa) : « le terme «autonomes» est supprimé ». Le texte est paru au Moniteur du 14 mai 2019. Dans la loi de 2015, la phrase corrigée disait : «... on entend par exercice de la psychologie clinique, l'accomplissement habituel d'actes autonomes ayant pour objet ou présentés comme ayant pour objet, à l'égard d'un être humain et dans un cadre de référence scientifiquement étayé de psychologie clinique, la prévention, l'examen, le dépistage ou l'établissement du psychodiagnostic de souffrances psychiques ou psychosomatiques, réelles ou supposées, et la prise en charge ou le soutien de cette personne.»
La loi du 10 mai 2015 sur les professions des soins de santé avait été adoptée par tous les partis (N-VA et Vlaams Belang exceptés) en fin de législature. Laurette Onkelinx (PS) était ministre de la santé. Au niveau des professions des soins de santé mentale, il s'agissait d'un large consensus fruit de quinze années de discussions. La spécificité du champ était enfin reconnue via la création d'un « Conseil fédéral des professions des soins de santé mentale » représentatif de la diversité du terrain réel. Maggie De Block (VLD), reprenant les manettes du Ministère de la Santé, était censée faire voter les arrêtés d'exécution de la loi du 10 mai. Néanmoins, cette médecin généraliste, venue à la politique mais restée experte en diagnostic, a soudain manifesté des états d'âme : elle a trouvé la loi «malade» (sic) et a décidé de la «réparer» (sic). Elle l'a en réalité saccagée. En privé, elle avoue «détester les psychologues».
Le «Conseil fédéral» s'est ainsi vu réduit à une instance corporatiste de psychologues, d'orthopédagogues et de médecins. Pareillement, là où l'exercice de la psychologie clinique était reconnu dans sa spécificité, il s'est retrouvé paramédicalisé pour une poignée de remboursements purement cosmétiques. L'assimilation de l'exercice de la psychologie clinique et de la psychothérapie à celui de la techno-médecine managériale des organes, met aujourd'hui en péril la notion même de secret professionnel : une norme de droit public essentielle à tous niveaux, et plus encore en matière de souffrance psychique.
Nombre de psychologues de bonne foi se sont laissés séduire et n'ont pas mesuré les implications délétères de la loi De Block. Pourtant, la permission accordée à tout médecin non formé en la matière de pratiquer tous les actes de la psychologie clinique (sic) donnait déjà le ton. Aujourd'hui - cerise sur le gâteau - c'est l'autonomie professionnelle des psychologues cliniciens qui se voit rayée de la carte — sur le mode, habituel à Madame De Block, de la manigance, de l’incompétence, et du fait accompli.


Francis Martens
président de la Fédération des Psychologues Praticiens d'Orientation Psychanalytique (APPPSY)

 

logo apppsy whiteinfo@apppsy.be
Rue Mercelis, 39  B- 1050 Bruxelles
BCE N° entreprise: 432.012.759
IBAN: BE 77 7340 6105 5142 - BIC: KREDBEBB

Webmaster: Bernard Mortreu :  bernardmortreu@yahoo.fr