Santé mentale, santé sociale Y a-t-il un gène du chômage ?

Je mets beaucoup d’ordre dans mes idées.
Ça ne va pas tout seul. Il y a des idées qui
ne supportent pas l’ordre et qui préfèrent
crever. À la fin, j’ai beaucoup d’ordre et
presque plus d’idées
Norge, 1969

Y a-t-il un gène du chômage ou du déclin de la fonction parentale ? Citoyens de l’Union Européenne et assimilés, psychiatres et praticiens de la santé mentale, dans quelle pièce jouons-nous ? S’agit-il de maintenir l’ordre ou de répondre à la souffrance ? Celle-ci est-elle le fruit de dysfonctionnements neuronaux, hormonaux, génétiques ? Ou l’éventualité de ces derniers s’inscrit-elle dans le panorama plus vaste de la « maladie humaine » ? Celle dont les Wolofs (Sénégal) disent qu’elle n’a précisément d’autre remède que l’homme ? Assaillis par l’urgence professionnelle, il nous reste d’ordinaire peu de temps pour situer la logique de nos actes dans l’ensemble sociétal où ils s’inscrivent. On sait pourtant que le déploiement concret de telle maladie dégénérative, aux paramètres somatiques parfaitement repérés, dépend largement du contexte relationnel où elle s’inscrit. La psychiatrie, par définition, déborde du champ de la neurologie, les praticiens de la santé mentale échappent, pour l’essentiel, aux normes du techno-médical. Leur efficacité s’évalue selon d’autres critères, difficiles à quantifier et inséparables de la réalité collective. Le concept de santé, c’est clair, est non pas sans rapport, mais foncièrement hétérogène à celui de normalité. En quoi, dès lors, collaborons-nous à l’aliénation collective (par exemple, en lissant les conflits) ? Ou en quoi restons-nous garants de la santé au plein sens du terme ? La réponse n’est pas simple et il importe qu’elle ne devienne pas « le malheur de la question » (Blanchot). Il semble peu risqué, en tout cas, d’affirmer que, pour ne pas écraser le questionnement, il nous faut camper sur trois positions simultanément.


Tout d’abord, une position éthique : praticiens de la santé mentale mais tout autant citoyens, il importe que nous répercutions vers le politique ce que le côtoiement de la souffrance individuelle nous apprend de la misère collective. Position historique ensuite : de quel fil du temps sont issues nos pratiques ? « Je ne sais où je vais si je ne sais d’où je viens » (Gramsci), et ne puis le savoir qu’en mettant mes pas dans la trace de quelques arpenteurs (Foucault et Gauchet, par exemple). Que s’est-il passé notamment pour qu’une société – la nôtre – en arrive à infantiliser ses citoyens au point de voir les adultes massivement identifiés à des enfants sexuellement abusés ? Il s’agit enfin de maintenir ferme le positionnement scientifico-clinique propre à notre champ. Hétérogène au registre technomédical mais en constante interaction avec lui, il importe d’y marquer autant les nécessaires complémentarités que les irréductibles différences. En effet, là où la vie de l’homme se voit sauvée au prix de la réduction passagère du sujet à ses organes, il n’y a plus temps ni place pour l’« art de guérir ». En matière de santé mentale par contre, le regard clinique ne peut se réduire à l’imagerie médicale : la personne du praticien reste indissociable de son savoir-faire. Encore une raison qui rend impossible l’évaluation de nos pratiques à partir de « cohortes » à usage statistique.

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