Chèr(e)s Collègues, chèr(e)s Ami(e)s,
Beaucoup de psychologues désorientés quant à leur identité professionnelle et inquiets de leur avenir économique se sont laissé séduire par ceux qui, en toute inconscience, ont suscité la loi De Block : les mêmes qui avaient tenté d’imposer en son temps la loi Aelvoet — un carcan paramédicalisant que l’APPPsy avait réussi à mettre à mal. Une quinzaine d’années de discussions, dont nous avions été les principaux moteurs, avaient abouti ensuite à la loi Onkelinx-Muylle : un compromis fécond, ouvert sur l’avenir, où toutes les professions de la santé mentale allaient trouver un champ d’évaluation, de formation et d’organisation, respectueux de leur identité et de leur complémentarité sans subordination avec la techno-médecine des organes. Mais tout ceci semble avoir vécu.
La loi Onkelinx-Muylle, vous le savez, a été sabotée. Bien qu’adoptée par tous les partis de la précédente législature (N-VA et Vlaams Belang exceptés), elle était arrivée trop tard pour qu’on puisse en élaborer les arrêtés d’applications. Ceux-ci ont donc été confiés aux bons soins du gouvernement de Charles Michel dont le parti (MR) avait voté pour ce texte législatif. À peine entrée en fonctions, Madame De Block (VLD) – dont le parti avait lui aussi soutenu le texte – a néanmoins trouvé cette loi «malade» et jugé qu’il fallait la «réparer» — un vocabulaire en soi étrange dans la bouche d’un médecin mais très cohérent avec l’idéologie de la ministre. En fait, il s’est agi d’un carnage où l’incompétence n’a cessé de le disputer à la tricherie et à la mauvaise foi. Je pèse chacun de ces termes.
La moindre manipulation n’a pas été d’écarter l’APPPsy du dit «Conseil Fédéral des Professions des Soins de Santé Mentale». En réalité, cette instance - dont nous avions été les initiateurs et les principaux artisans - n’en porte plus que le nom et ne reflète en rien la diversité ni la spécificité des professions du terrain réel. Il est à noter (coquin de sort ?) que la présidente désignée (c’est-à-dire non choisie par ses pairs) de cette instance chargée de mettre en place la loi De Block est Madame Nady Van Broeck. C’est cette psychologue qui assujettit les psychologues au corporatisme médical. Présidente à l’époque de la Fédération Belge des Psychologues (FBP-BFP), elle avait œuvré à l’insu de la plupart de ses collègues du CA (sic) à l’élaboration de la loi Aelvoet. Ceci avait entraîné le départ de l’APPPsy de la FBP-BFP, après que le lapin fût malgré tout sorti du chapeau et que tout débat eut été empêché. Chemin faisant, la réorganisation rationnelle et conviviale de la FPB-BFP par la présidente précédente (Diane Drory, APPPsy) était passée aux as. Aujourd’hui, la boucle est bouclée et nous voyons à qui le crime profite. Du moins superficiellement. Car il s’agit en réalité d’un désastre pour tous les psychologues en même temps qu’un naufrage annoncé pour l’ensemble du système de santé de notre pays [ j’essaie de décoder les enjeux de fond et la logique des moyens mis en place dans le texte joint ]. Durant cette législature, la Ministre de la Santé a refusé de nous recevoir et n’a répondu à aucun courrier : elle a néanmoins déclaré, devant la Commission de la Santé et dans la presse nous avoir reçus deux fois ! Il nous faudra du temps pour collaborer à la réparation du gâchis clinique, éthique et scientifique opéré par Madame De Block, ses émules et ses inspirateurs...
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Francis Martens
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