Newsletter 2021/2


Chèr(e)s collègues, chèr(e)s ami(e)s,
à la faveur de la pandémie, les Pouvoirs Publics se sont soudainement aperçu de l’importance de la santé mentale — mais sans s’interroger sur la spécificité de sa prise en charge. Sous l’empire du même lobby corporatiste de psychologues en mal d’identité, ayant sévi sous De Block, une “convention” vient de sourdre de la plume d’un groupe d’“experts”. Certes, «Un code INAMI vaut bien une messe – voire “a bloody mess”», dirait Henri IV… Mais on sait que l’opportunisme de ce protestant ne le préserva nullement de l’assassinat par un catholique fanatisé.

Non seulement cette convention pour psychologues cliniciens et pour psychologues “spécialisés” - non autrement définis - coule la pratique des psychologues dans des cases similaires à celle de la techno-médecine managériale des organes, mais elle assujettit les conditions de remboursement de leurs “actes” à la logique comptable des hôpitaux : un psychologue conventionné devra faire partie d’un réseau, lui-même rattaché à un hôpital qui organisera l’aspect financier des choses. On imagine que le DSM (nonobstant l’avis défavorable du Conseil Supérieur de la Santé) sera d’un grand secours pour cartographier les “troubles” et “problèmes”, justifiant des interventions calibrées susceptibles d’être remboursées selon des critères objectifs. Rien de plus dysfonctionnel et d’inutilement compliqué, on le sait, que la psychologie de la relation et la psychiatrie institutionnelle. Comment quantifier leurs actes ?

Si la convention n’est pas un acte législatif mais administratif, elle peut néanmoins faire jurisprudence et emprisonner pour longtemps une pratique clinique digne de ce nom. C’est pourquoi, à l’initiative de nos collègues d’UPPsy-BUPsy, et de concert avec AppelPsy et KliPsy, nous avons décidé de saisir le Conseil d’État et de prendre pour conseil Maître Vincent Letellier, déjà bien au fait des arcanes et malversations de la loi De Block.

À première lecture, la “convention” proposée aux psychologues cliniciens – et qui risque donc de faire jurisprudence - non seulement met en péril leur autonomie et leur spécificité (imposition d’un modèle administratif et clinique de type médical et hospitalier, hétérogène à leur identité et à l’exercice correct de leur profession), mais :

  1. elle viole le principe d’égalité entre psychologues de compétence égale, en avantageant financièrement ceux qui entreront dans ce système
  2. elle favorise, en outre, les psychologues qui, en entrant dans cette convention, acceptent de facto - de par la nature de celle-ci - de violer leur Code de Déontologie - protégé et imposé par une loi – au niveau du registre capital du secret professionnel
  3. elle met ainsi en péril non seulement l’exercice correct de la psychologie clinique et de la psychothérapie, mais un des piliers de droit public (article 458 du Code Pénal sur le secret professionnel) par lequel le législateur belge a voulu soutenir l’organisation démocratique de notre société tout entière
  4. elle viole enfin le principe d’égalité pour les patients eux-mêmes – et la loi sur les droits des patients - en pénalisant (par un non-remboursement) ceux qui auront choisi de faire appel à un psychologue non conventionné.
  • Nota Bene 1 : Cette pénalisation par un non remboursement INAMI est contraire à ce qui se passe lors du choix, par un patient, d’un médecin non conventionné. Inévitablement, ce sont les patients les plus démunis qui seront les plus pénalisés.
  • Nota Bene 2 : A priori, les psychologues cliniciens qui accepteront d’entrer dans la convention témoigneront : ou, de leur peu de souci de l’éthique et de la déontologie de leur métier, ou, de leur manque d’expérience clinique de celui-ci. Non contente de mettre à mal le principe d’égalité, cette convention favorisera donc les psychologues les moins compétents ou les moins regardants. Un effet paradoxal aussi regrettable - découlant de si bonnes intentions - n’aurait pas lieu si, avant de légiférer ou de réglementer en matière de santé mentale, le SPF avait à coeur de s’informer de la nature particulière de ce terrain, et de choisir avec moins de partialité et plus de clairvoyance ses interlocuteurs.

Francis Martens
Président de l’APPPsy

 

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